Prémisse d’une révolution ?

Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence tant redoutée des grandes institutions et entreprises, vient de rendre une décision qui impacte le monopole des fédérations sportives. Saisie par deux patineurs de vitesse néerlandais, la Commission européenne a estimé que l'Union internationale de patinage (UIP) était infondée à infliger de lourdes sanctions à l'encontre de ces deux athlètes qui avaient participé à des compétitions non parrainées par l'UIP. Et ce contrairement à l'article 101 du traité de fonctionnement de l'UE. Le rôle des fédérations sportives a été rappelé : « protéger la santé des athlètes, leur sécurité et l'intégrité des compétitions ». Mais en aucun cas, les fédérations sportives ne peuvent empêcher un organisateur indépendant de convier et rémunérer des athlètes participant à des compétitions non officielles. Margrethe Vestager considère qu'en l'occurrence, l'UIP préservait ses propres intérêts commerciaux en empêchant d'autres organisateurs de monter leurs propres événements. La durée courte de la carrière des sportifs a été mise en avant par la Commission pour critiquer le fait que les Fédérations puissent entraver leur liberté de tirer des revenus d’épreuves non officielles. La décision est intéressante en ce qu’elle replace le débat sur les forces respectives des clubs professionnels face aux fédérations sportives. Cela rappelle le G14, la puissante organisation de clubs de football professionnels les plus importants, influents et riches d'Europe dissoute en 2008 sous la pression de l'UEFA et de la FIFA. Un investisseur privé pourrait-il relancer une telle organisation, antichambre d’une ligue professionnelle totalement privée ? Peut-être pas un investisseur privé mais un Etat souverain ? Les débats sont loin d’être clos.