Le virage ambulatoire : seule manière d’éviter de se prendre le mur ?

« Le deuxième axe est le virage ambulatoire qui sera opéré dans les établissements hospitaliers ».

La Loi de finance de la sécurité sociale pour 2015 adoptée le 22 décembre 2014 pour 2015 de multiplier le recours aux solutions ambulatoires.

C’est ainsi que dans le II de l’annexe B présentant un RAPPORT DÉCRIVANT LES PRÉVISIONS DE RECETTES ET LES OBJECTIFS DE DÉPENSES, PAR BRANCHE, DES RÉGIMES OBLIGATOIRES DE BASE ET DU RÉGIME GÉNÉRAL DE SÉCURITÉ SOCIALE, LES PRÉVISIONS DE RECETTES ET DE DÉPENSES DES ORGANISMES CONCOURANT AU FINANCEMENT DE CES RÉGIMES AINSI QUE L'OBJECTIF NATIONAL DE DÉPENSES D'ASSURANCE MALADIE POUR LES QUATRE ANNÉES À VENIR, la loi annonce « une transformation fondamentale du fonctionnement du système hospitalier ».

Que faut-il penser de ce virage déjà annoncé dans le projet préparant la loi de finance ?

Le développement de la médecine ambulatoire n’est pas une volonté nouvelle du gouvernement. Ainsi, plusieurs rapports mettant en exergue les nombreux avantages apporter par ce mode de prise en charge, ont été publiés ces dernières années, voir ces derniers mois.

Ces rapports montrent pour la plupart que le recours à la médecine et à la chirurgie ambulatoire est insuffisant en France. Par exemple, un rapport de la HAS et de l’ANAP intitulé « ensemble pour le développement de la chirurgie ambulatoire » (titre un brin racoleur tout de même) indique que seulement 4 opérations chirurgicales sur 10 sont effectuées en ambulatoire contre 8 sur 10 aux Etats-Unis.

Marisole Touraine, Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes est largement favorable au développement de la médecine et de la chirurgie ambulatoire. Elle fixe une objectif de 50% des opérations réalisées en ambulatoire dès 2016.

Pourquoi cet engouement frénétique pour la chirurgie et la médecine ambulatoire ?

L’atout majeur de la chirurgie ambulatoire n’est pas d’améliorer les soins apportés au malade mais bien de réduire les dépenses de santé et de rendre plus efficace la dépense hospitalière. En effet, le principe de la chirurgie ambulatoire est de réduire la présence du patient à l’hôpital et ainsi de réduire les coûts liés à son hébergement et à sa surveillance postopératoire. Plusieurs dizaines de millions d’euros pourraient ainsi être économisés par le secteur hospitalier.

Néanmoins, le recours massif à la chirurgie ambulatoire présente un risque : celui de voir des services hospitaliers désorganisés par des exigences et un suivi nouveau.

Le développement ambulatoire ne saurait se faire sans que soit préalablement mis en place les outils nécessaires pour gérer le flux de patients fraichement débarqués des salles d’opération.

Et ce n’est pas les secrétaires administratifs que sont en train de devenir les médecins généralistes qui pourront assurer une telle charge de travail. C’est pourquoi la loi entend instaurer un contrat de praticien territorial de médecine ambulatoire.

Reste à voir dans quelles conditions ce médecin libéral pourra assurer sa nouvelle mission.