Trente-cinq députés français ont déposé au début du mois d’octobre une proposition de loi visant à taxer à hauteur de 5% les transferts de sportifs professionnels dans le but de financer le sport amateur.

Le temps est à la norme tant juridique qu’éthique avec parfois des travers que l’ont peur regretter au milieu de certaines bonnes idées.

La proposition de loi déposée peut sembler intéressante et « juste » de prime abord.

L’exposé des motifs et le texte soumis méritent lecture.

« EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Le sport amateur français est une nécessité pour la vie associative et sociale de notre pays.

Ces clubs qui assurent un travail indispensable voient leur financement mis à mal à cause de la baisse des dotations aux collectivités et des difficultés rencontrées par des entreprises fragilisées par la situation économique de notre Pays.

Face à cette situation, il est trop fréquent que les fédérations professionnelles qui brassent des sommes d’argent très importantes (droits TV, sponsoring, transfert, etc…) n’assurent pas leur rôle de soutien à la vie des clubs.

Pire, elles imposent de plus en plus de contraintes aux clubs en modifiant des tailles de terrains, d’éclairage, des mises aux normes, etc… Contraintes que beaucoup de petites communes de France ne peuvent plus assumer.

Si nous voulons préparer l’avenir et permettre à nos enfants de s’épanouir et devenir les champions de demain, il est grand temps de réagir. Afin de ne pas pénaliser le rayonnement du sport de haut niveau en France, il n’est pas possible de créer une nouvelle taxe sur l’activité de nos clubs professionnels.

C’est pourquoi, je vous propose de prélever 5 % sur les transferts entre clubs professionnels. Les montants ainsi récoltés serviraient à alimenter le Centre National pour le Développement du Sport (CNDS) avec obligation de le répartir aux clubs sportifs amateurs.

PROPOSITION DE LOI

Article unique

La section unique du chapitre unique du titre Ier du livre IV du code du sport est complétée par un article ainsi rédigé :

« Art. L. 411-3. – I. – À compter du 1er août 2018, les transferts de sportifs professionnels sont soumis à une contribution assise sur les recettes brutes générées par les indemnités de mutation. « La contribution est due par les associations sportives visées à l’article L. 121-1 du code du sport, les sociétés sportives visées à l’article L. 122-2 du même code et par les sociétés d’économie mixte visées à l’article L. 122-12 du même code ainsi que par toute personne agissant directement ou indirectement pour leur compte. « Le taux de la contribution est de 5 % pour chaque transfert entre sociétés ou clubs sportifs français ou en cas de transfert entre une société ou un club sportif français et une société ou un club sportif étranger, à partir d’un montant défini par décret en Conseil d’État. « La contribution est exigible à l’encaissement des recettes générées par les indemnités de mutation. « Le contrôle, le recouvrement, le contentieux, les garanties et les sanctions relatifs à la taxe sont régis par les règles applicables à la taxe sur les salaires prévue à l’article 231 du code général des impôts. « Le produit de la contribution est affecté au Centre national pour le développement du sport ».

Toutefois, cette logique de solidarité louable peut se heurter à une logique économique incontournable qui pourrait renforcer les inégalités financières entre les clubs français et porter atteinte à leur compétitivité au regard européen.

La démarche fait également penser à l’initiative prise par le milieu de terrain de MU, Juan MATA, qui a fait part de sa volonté de reverser 1% de ses revenus à Common Goal, un fonds de développement d'œuvres caritatives dans le football autour de la planète. Il a été rejoint depuis par plusieurs joueurs.

Il est vrai que face aux sommes faramineuses dépensées cet été sur le marché des transferts, de telles idées apportent un vent de fraicheur.