De la nécessité de préserver notre vie privée à l'abri des regards !

Dans un récent communiqué, la Présidente de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) Marie-Laure DENIS met en garde chacun d'entre nous contre les excès de surveillance et de traçage en cette période particulière.

De nombreux outils, permettant de lutter contre la propagation du Coronavirus et donc de veiller à la santé de chacun, se sont récemment multipliés.

De la sorte, d'innombrables nouvelles technologies de surveillance se sont développées: les drones, l'application “Stop Covid”, les caméras intelligentes…

Toutefois, ces outils peuvent se révéler très intrusifs.

Dans un entretien qu'elle livre au “Monde” le 03 juillet 2020, Marie-Laure DENIS fait valoir que : “Pendant le confinement, le débat sur la question de la protection de la vie privée a été vif, ce qui traduit une sensibilité au sein de la société civile, du gouvernement et du Parlement sur ces sujets. Le gouvernement et le Parlement, conscients des enjeux, ont systématiquement sollicité l’avis de la CNIL.”

Afin d'aider chaque acteur à respecter ou à faire respecter les dispositions relatives aux données personnelles existantes, et donc de préserver la vie privée de chacun au mieux, la CNIL a régulièrement émis des avis sur les outils mis en place, et publié des recommandations.

Par ailleurs et pendant toute la durée de la pandémie, la CNIL a proposé des fiches pratiques afin d'orienter chacun. Cette dernière a ainsi rédigé des billets pédagogiques sur l'application mobile Stop Covid, le télétravail et la continuité pédagogique pendant l'état d'urgence sanitaire, les caméras dites “intelligentes” et caméra thermiques, ou le traitement des données personnelles dans le contexte du COVID-19. Récemment, soit le 17 juin 2020, la CNIL a appelé à la vigilance sur l'utilisation des caméras dites “intelligentes”. Cette dernière a avancé que “ L’espace public est un lieu où s’exercent de nombreuses libertés individuelles : droit à la vie privée et à la protection des données personnelles, liberté d’aller et venir, d’expression et de réunion, droit de manifester, liberté de conscience et d’exercice des cultes, etc. La préservation de l’anonymat dans l’espace public est une dimension essentielle pour l’exercice de ces libertés ; la captation de l’image des personnes dans ces espaces est incontestablement porteuse de risques pour les droits et libertés fondamentaux de celles-ci.

Si les objectifs assignés à ces nouveaux dispositifs sont le plus souvent légitimes, la CNIL constate que leur déploiement impliquerait une collecte et une analyse systématiques de données d’individus circulant dans l’espace public ou dans des lieux ouverts au public.

Leur développement incontrôlé présente le risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique. Le déploiement massif de ces dispositifs de captation de l’image des individus et de détection de certains de leurs attributs ou comportements pourrait conduire, chez les personnes concernées, à une modification – voulue ou subie – de leurs comportements.”

Il reviendra dès lors à chacun d'entre nous d'utiliser ces outils en toute connaissance de cause!